N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Edouard Maitre à l'assaut de NY

 

Edouard Maître à l'assaut de New York

 

 

 

"C'est l’histoire d’un mec qui décide un jour que le Marathon de New York est un challenge à sa portée, afin de démontrer que l’on peut réaliser des choses extraordinaires avec de la volonté et  le soutien  d'un entourage familial, amical extraordinaire. Et c’est ça la morale de l’histoire : "On peut se surpasser si l’on est soutenu". 

Edouard Maitre

 

 

 

Flash-Back.

Pourquoi la course à pied ? Je m'inspire d’une connaissance runner de son état au  discourt motivant et comme mon environnement géographique se prête à la course à pied j'achète une paire de Nike et c'est parti ….. Je vous fais grâce des débuts un peu laborieux que nous avons tous connus et déjà, dans ma tête, trotte l'idée du Marathon de New-York.

 

J'ajoute des kilomètres aux kilomètres. Je m'épingle quelques dossards sur la poitrine dont le semi de Paris. L'échéance approche, je pars courir un Versailles/Paris seul ; dix-huit kilomètres qui vont laisser des traces dans mon organisme : diagnostic ? Deux épines de Lenoir et une tendinite. Une addition de douleurs au moment où il faut que je mette le turbo. Heureusement, Julie "superkiné" me prépare un programme de soins adaptés à mon "handicap", tout en me déconseillant de courir.

 

Pour compenser et continuer à me préparer, j'achète un vélo et je "chausse" un bonnet de bain qui me permettront, peut-être, d'aller au bout du bout dans les rues de New-York. Cela devient une obsession : "Courir à New-York courir à New-York, courir à New-York".

 

Pour éviter que ma carrière professionnelle pâtisse de ma nouvelle passion, je chausse mes runnings très tôt le matin quel que soit la météo. Le temps passe me rapprochant de l'objectif, le soutien de mon entourage est bien présent. Les sarcasmes du web deviennent compatissants ce qui devient une motivation supplémentaire. Toujours transformer le négatif en positif.

Thomas Cook me fait une belle frayeur un mois et demi avant le Marathon en remettant en cause le voyage vers les Amériques. Comme les dossards sont réglés, au pire je prends un billet d'avion et un point de chute m'attend chez Julien, un ami de longue date qui habite à Harlem. Merci à lui de sa présence et de son soutien logistique. Merci, aussi à l'Asptt qui supplée Thomas Cook à honorer les prestations vendues.

 

 

New-York me voilà.

Quand l'avion décolle, je me demande si c'est une bonne idée d'aller à New-York. A l'arrivée à l'hôtel au milieu de tous ces Marathoniens compétiteurs et compétitifs je me sens comme un danseur de l'opéra de Paris ou milieu d'un match de football américain.

Mais bon, j'y suis, j'y reste. New-York est une ville magique, grâce à sa diversité on y sent un dynamisme extraordinaire. La veille du Marathon je ne peux pas m'empêcher d'aller courir un petit cinq kilomètres pour me mettre en confiance et pour me préparer au "monstre" du lendemain.

 

Réveil à 4h. J'enfile ma tenue du jour avant d'aller prendre mon petit déjeuner. Un bus nous amène sur l'Ile de Staten Island. L'estomac ne me semble pas à sa place. Le stress sûrement. Le lever du soleil est digne d'une carte postale et me fait oublier ce petit tourment. L'Ile de Manhattan s'éloigne, le pont de Verrazano est déjà là.


 

Maintenant il faut être patient, l'attente dans le froid semble interminable mais le soleil apporte petit à petit sa douce chaleur. Le départ est donné loin devant: les handisports, les élites femmes, les élites hommes puis les vagues les unes derrières les autres et enfin la dernière ….. La mienne. L'émotion est forte. Le spectacle incroyable pour le néophyte que je suis. Le pont de Verrazano m'offre un spectacle à couper le souffle (pas l'idéal quand on court ;)).


 

 

Brooklyn ! Quel accueil ! Sont-ils là rien que pour moi ?  Cela se sent que le Marathon fait partie de leur culture. Ils aiment encourager. Cela tombe bien, car après un début de course aisé dans la traversée du Queens, je sens un petit coup de moins bien. Le quartier juif, communauté plutôt festive et joyeuse est loin de sa réputation.

 

Au semi mon aponévrose devient douloureuse, le genou gauche s'y met lui aussi. Oublions les mollets et les cuisses qui me font découvrir des muscles que je ne pensais pas qu'ils existaient. A moi de voir si la bouteille est à moitié vide ou à moitié pleine. Mon corps a trouvé la réponse tout seul : il se remet à courir ….. Pour un temps.


 

 

Au 30ème kilomètre l'alternance de la marche et de la course devient une obligation. La douleur devenant difficilement supportable. Je suis démoralisé. Le temps plus ou moins prévu s'effondre, je n'aimerai pas être ridicule. C'est dur de se dire qu'il ne reste plus que 12 kilomètres à parcourir, que d'habitude c'est simple et que là les forces manquent. Alors utilisons ce qui reste de mental. Me souvenir de choses positives, penser au gens que j'aime : mon fils, mes amis, ma famille.

 

34ème kilomètre j'aperçois mon ami Julien qui parcoure avec moi deux ou trois kilomètres. Je marche, je trottine, je titube. J'entre dans Central Park pour les quatre derniers kilomètres les plus longs de l'histoire de la course à pied ;). Ça monte, ça descend, ça remonte, ça redescend pour encore re-remonter et re-redescendre ….. Pfffff ! Je suis mort. Dessiner un cœur avec mes mains en passant près de la foule m'occupe l'esprit et booste les Newyorkais qui m'encouragent avec force et générosité.

 

Je franchis la ligne d'arrivée en larmes et en souffrancesssss. La médaille autour du coup, une, deux photos pour marquer l'instant et  direction le staff médical comme une personne du "cinquième âge" au minimum. Je reste assis un petit quart d'heure le temps de retrouver ma respiration et je vais récupérer mon poncho "post-race".


 

 

Après ?

Par je ne sais quel miracle je suis en possession de ma carte de métro. Retour à l'hôtel pour prendre une douche. Une fois propre je retrouve au bar des Marathoniens pour boire un verre et je m'en vais manger un hamburger. Seul.

Je prends conscience frites après frites que je suis Marathonien, que je viens de me surpasser au-delà de la douleur physique et psychologique. J'ai travaillé dur pour en être là jusqu'à perdre 18kilos.

Merci à vous mes amis. Vous m'avez soutenu, porté, moqué, aimé ; vous avez aidé un homme à dépasser ses limites pour aller au bout de son rêve.

 

Alors je ne sais pas ce que me réserve la vie, mais je suis certain, avec votre aide, de réaliser d'autres exploits. 

 

 Will NY 2019