N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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mercredi 15 mai 2024

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Les Papy's Runner aux 24h de Ploeren

 

 

Les Papy's Runner au "24 heures de Ploeren"

 

Une idée qui germe, au détour d'un étal du marché de Vannes il y a un an : "Pourquoi on ne participerait pas à la prochaine édition des 24h de Ploeren". André est un coureur que je rencontre sur différentes courses au fil des années et le marché de Vannes est aussi un lieu d'échanges rapides et réguliers. Gérard le troisième élément du quatuor, passionné de boxe française s'ajoute à l'équipe, Yannick, l'ami de longue date "la mort dans l'âme" s'éloignera du projet, vaincu à cause d'un tendon d'Achille récalcitrant. Le remplaçant ne fut pas aisé à trouver. Un Papy de taille L pour porter la doudoune offerte par le magasin Intersport de Vannes accentue la difficulté. Heureusement le vivier de l'Asptt, permettra de trouver la solution avec Dominique, le plus jeune de la bande, cependant "Papy's" par sa descendance.

 

Voilà quatre coureurs réguliers dont trois d'entre eux, spécialistes à leur niveaux de ce genre d'épreuve, ne se connaissant pour ainsi dire pas, vont vivre en 24h un moment d'existence qui sera à marquer d'une "pierre blanche" dans leur vie respective, la preuve que les moments heureux qui passent quelques soient leur durée sont à ne pas rater quand ils se présentent. 


 

 

Le samedi matin les quelques trois cent coureurs s'installent en déposant leurs affaires selon un ordre préétabli, comme  un rituel immuable et qui, au fil des tours, deviendra un capharnaüm où il sera difficile à chacun de retrouver ses affaires. En ce qui nous concerne nous investissons un espace, près de la zone des relais. Le choix est fait de courir des périodes d'une heure, le tirage au sort donnant dans  l'ordre : Gérard (dit Gégé), suivi d'André (dit Dédé), je viens en troisième (en tant que Dom) et Dominique (qui restera Dominique pour éviter de compliquer) fermera la marche. Dans la zone réservée, nous échangerons toutes les heures, la chasuble où le dossard est épinglé et le bracelet à puce qui comptabilise les tours et la vitesse moyenne de chaque relais.

 

Pendant la durée de la 16ème édition des 24h de Ploeren sous l'égide du Téléthon des invités prévus, la pluie et le vent, seront bien présents. Des conditions peu agréables pour tourner sur un circuit exigeant quand les tours s'ajoutent aux tours sur ce parcours d'un kilomètre. Cela commence par une vingtaine de mètres goudronnées en faux plat montant suivi d'un terrain en stabilisé qui va se transformer en sable de plage quand la marée est descendante, avec ses petites mares où les enfants aiment pataugées. On retrouve presque avec plaisir la deuxième difficulté du parcours : une partie montante caillouteuse d'une trentaine de mètres qui ouvre sur le pourtour d'un stade où le grillage a remplacé une haie de sapin bien protectrice du vent dans les années passées. Pour finir on rejoint la partie descendante caillouteuse, on s'y croise entre coureurs et elle nous amène au portique de chronométrage avant de pénétrer dans la salle et de la traverser sur toute sa longueur sur une moquette au rouge bien vif.


      

 

La salle ? Le lieu de réconfort en comparaison du vent à décorner les bœufs,* compagnon que l'on se serait bien passé  sans oublier la pluie présente jusqu'à la fin de la nuit. Quand on y pénètre les "stands" des coureurs sont sur la gauche. Sur la droite, devant la scène ou de nombreuses animations vont avoir lieu, sont disposés les postes de ravitaillement. Derrière le rideau du fond de l'estrade, une salle de repos, aux couchettes militaires, accueillera les uns et les autres pour un repos très loin d'être réparateur, bercé, selon l'heure par une programmation musicale qui contentera tous les participants quel que soit leur goût, sans oublier d'être passé dans les mains déjà expertes de l'école d'ostéopathie de Rennes.

J'ai bien essayé, auprès de mes partenaires, à la sortie d'un repos de somnolence, d'éviter un relais en leur disant : "Pendant mon sommeil, j'ai rêvé que je courais, est-ce que cela vaut pour un relais ?". J'ai déclenché des rires, mais pas d'être exempté.  

 

 

Le départ est donné à midi au moment d'une courte accalmie pluvieuse pour tous les participants(es) des 6h, des 12h et des 24h. Le ciel reste bien plombé d'une eau qui va se déverser sur mes compagnons de route pendant leurs deux premiers relais, sauf sur moi, ma bonne étoile me fait passer à travers les gouttes. Yannick, le tendon d'Achille en cours de guérison, passera en début d'après-midi nous soutenir et doute de venir nous encourager pendant la nuit. Pourtant nous avons insisté. Gaëtan fidèle de l'Asptt a été aussi souvent là, à différents moments de ces 24h.

 

 

On pourrait croire que trois heures d'attente entre chaque heure de course est un long moment de pause. Bien au contraire ! Ces trois heures passent rapidement. Le temps de faire connaissance entre nous, d'échanger avec nos voisins, de se nourrir de petites quantités régulières de jambon purée, de s'hydrater d'eaux pétillantes d'une façon méthodique et ponctuelle, de trouver un peu de repos dans son duvet et d'utiliser les filets du but de handball pour tenter de sécher les tenues humides, toutes ces actions font en sorte que le relais suivant est déjà là. Pour l'anecdote : je poste sur ma page Facebook une photo de notre séchoir en demandant que l'on nous livre des épingles à linge. Quelques minutes plus tard arrive un ancien collègue de travail qui nous embarque un sac d'affaires humides et nous les ramènera après un passage dans son sèche-linge. Merci Patrick.

 

Notre moyenne est de 10km/h pendant les douze premiers relais, comptabilisant 120 kilomètres. Les 200 kilomètres de l'objectif sont prévisibles. Les spectateurs sont peu nombreux sur le parcours et on les comprend. Les seuls que l'on croise et qui passent leur temps à redresser les ganivelles fauchées par le vent, sont les juges présents pour que le championnat de Bretagne se déroule dans la régularité. Quelques soutiens ont bravé les intempéries dans la nuit, comme Jean-Claude fidèle quand il s'agit d'encourager ses "ouailles" de l'Asptt.

 

Ma bonne étoile me quitte au départ du quatrième relais. Il est trois du matin, une pluie virulente m'accueille à la sortie de la salle et un vent violent, tourbillonnant, que nos anciens ne profiteraient même plus pour aller décorner les bœufs*, me pousse, me freine, me gèle et à raison des dernière ganivelles encore debout. Les juges reprendront une fois encore leur travail.

 

La moyenne, à la vue des conditions atmosphériques et de la légère fatigue qui se fait sentir (ou peut-être de l'expérience) nous amène sur une base de huit à neuf kilomètres heure pendant les relais, au lieu des dix kilomètres/heures de la première partie de la course, sauf pour Dominique qui nous gratifiera d'un douze kilomètres parcouru pendant son cinquième passage.

 

Quand le jour se lève, un timide soleil fait son apparition et la vie reprend son cours, une bonne odeur de pain au chocolat, offert par l'organisation, nous titille les narines. Un match de football de vétérans donne une animation au circuit et les deux heures restantes deviennent une formalité, sauf pour quelques-uns des participants aux 24h en individuels qui trouvent le temps long.

 Avant                                           Après

  

 

233 kilomètres parcourus par l'équipe des "Papy's Runner", rien d'exceptionnel, mais un grand moment de convivialité, de partages, de rires et de railleries "bon-enfant".

 

Le moment de se séparer après une bonne douche bien chaude arrive. Une photo "d'après" la course en comparaison de la photo "d'avant" clôture ces 24h. Chacun va retrouver son monde avec plaisir mais une pointe de nostalgie est déjà présente. La poignée de main de la veille se transforme en une accolade maladroite mais voilà une course que l'on n'est pas près d'oublier.

 

Si un jour l'envie de vous y frotter par équipe vous monte à la tête, retenez surtout le mot convivialité avant le mot compétition pour que cela reste un grand moment de partage. Xavier Trémaudan et toute son équipe de bénévoles feront le reste …..  

 

*Un vent à décorner les bœufs : expression utilisée par nos anciens dans les campagnes qui profitait des jours "de grand vent" pour décorner les bœufs, parce que les jours de grand vent, les mouches ne volent pas, ce qui évitait les infections.