N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Le premier Marathon de Nolwenn

 

 

 

Un premier Marathon qui en appellera d'autres

"Nolwenn"

 

 

 

Janvier 2018
Je suis en période de trêve et la motivation tarde à revenir. Je commence à voir défiler des mails d’informations sur ce fameux Marathon de la Loire à Saumur que la section a décidé d’organiser. Je m’inscris ? Je m’inscris pas ? En suis-je seulement capable. L’an dernier, j’ai dû déclarer forfait au Marathon de Vannes faute de régularité dans mes entraînements… Vais-je trouver la force mentale de me lancer dans cette aventure ? S’inscrire pour déclarer de nouveau forfait, ce serait franchement décevant… 


 

Février 2018
L’idée continue de trotter dans ma tête. Je sais déjà qu’une partie de ma team ASPTT s’est engagée sur la course ou a prévu de le faire. Et moi ? Va peut-être falloir que je me bouge un peu, que je me refixe des objectifs, parce qu’à ce rythme, je vais finir par stopper définitivement la course à pied…


08 février 2018
Que s’est–il passé dans ma tête, un déclic ? Je ne sais pas. Toujours est-il que ça y est, j’ai franchi le pas. Je suis inscrite au Marathon de Saumur. Voilà. Maintenant je n’ai pas d’autre choix que de reprendre l’entraînement sérieusement…



Fin février 2018
C’est le début du programme d’entraînement. Cela fait seulement 2 semaines que j’ai repris en douceur de mon côté et il faut déjà attaquer la préparation. Je crains de reprendre trop vite, de trop forcer et de me blesser. Et pourtant, je n’ai que 2 mois devant moi, j’ai pas le choix.
Semaine après semaine, j’enchaîne les sorties et suis le programme à la lettre, au début avec le groupe qui ira à Saumur, puis de plus en plus souvent de mon côté. Les projets personnels font que je ne suis pas toujours disponible pour les sorties en groupe, et ceux qui préparent le Marathon ont un objectif de 4h15 que je ne peux pas suivre. Je suis la petite tortue, j’ai pas envie de faire mon boulet et j’aime mieux faire le programme seule.

Les deux sorties hebdomadaires se font plutôt facilement. Les sorties longues du week-end en revanche sont plus fastidieuses. Heureusement, je réussis à organiser quelques sorties avec un petit groupe qui court à mon allure et cela rend la chose bien plus agréable. Sur les dernières sorties longues, mes deux fidèles accompagnatrices, Valérie et Valérie (ça ne s’invente pas !) m’accompagnent systématiquement, et je les en remercie encore du fond du cœur. Les filles, sans vous, la motivation aurait été compliquée à trouver…

 

 

Au fil des entraînements, je réalise que je m’améliore, que mon allure est plus soutenue. Mes sorties classiques se font maintenant à 9.5 km/h là où elles étaient auparavant plus proches de 8.5. Mes séances de fractionné sont plus faciles, et je me surprends à être capable de courir à 10 km/h avec facilité, et même à tenir 30 mn à 11 km/h ! J’ai perdu 5 kg, je me sens plus légère. Jamais encore depuis que je cours, je n’avais constaté une telle progression. J’alterne course à pied et vélo, j’ai une patate d’enfer ! La confiance commence à s’installer.


Dernière semaine avant le jour J 
Ça y est, le programme est terminé. Mais ma dernière sortie s’avère catastrophique. Je suis démoralisée, la confiance n’a pas duré longtemps. Je sais qu’il est normal que je sois fatiguée, toute l’équipe l’est. Et cette fatigue arrive à point nommé, juste la dernière semaine, celle où le repos est de rigueur. 
Les messages d’encouragement affluent. Ma team me connaît bien. Elle sait que j’ai besoin d’être rassurée, que je manque de confiance en moi. J’ai un mental, mais il n’est pas en acier trempé. Cette dernière semaine est très compliquée. Mon moral n’est pas bon. Le stress augmente de plus en plus. Mais j’ai de la chance, j’ai un homme compréhensif et surtout très patient en cette période particulière. Il redouble d’efforts pour me faire plaisir, pour me rassurer. Ses plats de pâtes quotidiens resteront dans les annales ! Merci Stéphane…

 

 

 

28 avril 2018
Bon ben voilà, on y est ! Départ pour Saumur avec toute l’équipe. Stéphane m’accompagne, me délivre ses derniers messages d’encouragement et d’amour et nous voilà partis. La journée est belle, l’équipe de bonne humeur, tout est très bien organisé. Je réussis à me détendre et à profiter pleinement.


Jour J – dimanche 29 avril 2018 – 5h30

La nuit a été très courte et pas vraiment reposante. Je me sens bizarre, un peu comme si ce n’était pas moi qui allais prendre le départ dans un peu plus de 3h. Je me prépare minutieusement : les bandes strap, la crème Nok, le sac d’hydratation que j’ai finalement décidé de prendre, les barres énergisantes, les gels, le dossard que Valérie m’aide à fixer au porte-dossard, le maillot de la section parce qu’il est important de représenter son club, et puis les chaussures que je lace soigneusement. Je rejoins les autres pour le petit-déjeuner qui se composera d’un GatoSport aux amandes et d’un thé.

Puis vient l’heure de monter dans le bus pour rejoindre la ligne de départ. Étonnamment, je me sens stressée mais sans plus. Quelques messages à Stéphane qui est déjà debout et dont les réponses me font du bien. Quelques photos avec Mika, Anne et Jessica qui sont dans le même sas de départ que moi. Nous réussissons à avoir quelques fous rires. Je pensais que je serais moins détendue que ça…
On se tape dans les mains et on se prend dans les bras pour se donner du courage.

 


8h45 – C’est parti

Les premiers km défilent. Je suis prudente. Je me souviens des conseils avisés de Dom, et je me retiens d’aller trop vite. Je croise Séverine sur le bord de la route au 4ème km. Elle me lance un « garde le sourire, et jusqu’au bout hein ! ». J’ai le sourire. Je me sens bien, sereine, confiante.

Je passe le 10ème km en 1h12, tranquille. Je bois régulièrement, petite gorgée par petite gorgée. Je mange une bouchée tous les 5 km. Au 15ème km déjà je commence à doubler des personnes qui sont parties trop vite. Dom avait raison mais je ne pensais pas que ce serait si tôt. Je ne pense pas à grand-chose. Je regarde le paysage, j’observe les autres coureurs, je me parle toute seule dans ma tête, de tout et de rien.

 


21ème km. Le semi

  J’ai fait la moitié et c’est passé hyper vite. J’aperçois Jean-Yves au loin. Il court les 25 km jusqu’au relais où Anne-Marie, son binôme, prendra la suite pour 17 km. Il a l’air en difficulté, il marche, son genou saigne. J’accélère pour le rejoindre. Je lui tape dans le dos et lui demande si ça va. « Pas trop » me répond-t-il. Je décide de l’accompagner jusqu’au relais. A plusieurs reprises il me dit de continuer ma course, d’aller à mon allure, mais je suis déjà à mon allure et nous courrons côte à côte à 9.5. Au 23ème km il se remet à marcher et me demande de continuer. Je l’encourage, lui dit qu’il est presqu’arrivé et de ne pas lâcher si près. Il me promet que non. Je poursuis ma route.

 


25ème km

Anne-Marie est au relais, elle m’applaudit. Je lui dis que Jean-Yves arrive pour qu’elle ait le temps de se préparer. Je me sens bien.

28ème km. Et merde. C’était trop beau. Mon genou gauche qui me titillait légèrement commence à me faire sérieusement mal. Je m’étire quelques secondes, repart, marche quelques mètres, repart encore, mais la douleur est de plus en plus forte. Je continue quand même en grimaçant.

Jusqu’au 35ème km, l’angoisse ne me quittera pas. J’ai considérablement ralenti l’allure. Je suis en colère. Je sais que j’ai les rotules en vrac, pourquoi j’ai pas anticipé en prenant ma genouillère sachant que le bitume frappe plus sévèrement les articulations ? Comment je vais tenir 14 km dans ces conditions ? Je cours à 8.5, puis à 8, je n’avance plus. C’est interminable. Je suis obsédée par cette douleur pas après pas. Et si mon genou flanche ? Je ne vais pas devoir abandonner quand même ? C’est pas possible. J’ai jamais abandonné une course, et même si ça arrive à tout le monde et que parfois on n’a pas le choix, je ne veux pas que ça arrive sur mon 1er marathon. Je le vivrais très mal je le sais. C’est pas envisageable. Je pense à mes amis. A Jessica qui, je crois, est derrière moi et pour qui c’est aussi le 1er marathon. Comment gère-t-elle ? Est-ce qu'elle va bien ? A Mika, qui m’a poussé à faire mon premier semi. A Anne, Christian, Hélène, Daniel, Christophe, Marie-France, Seb, Jean-Claude, qui sont tous devant moi sur leur course, chacun avec leurs difficultés, face au "mur" peut-être. A tous ceux qui sont sur le 10 km et le Duo. Je pense fort à Séverine et à tous ses conseils, à ses nombreux messages booster d'avant course, à son mental d’acier. A Valérie qui est devenue une amie, qui m'a tellement soutenue malgré qu'elle appréhendait elle-même beaucoup son 17 km. Et je pense encore plus à Jean-Claude qui sait ce que c’est que de courir avec une douleur. Et là, je me dis que j’ai pas le droit d’abandonner. Que plein de gens croient en moi, que je ne peux pas les décevoir et qu’avant tout, je me dois de ne pas me décevoir moi-même. Je pense à Stéphane. Je veux qu’il soit fier de moi. Je veux être fière de moi. Il faut que je m’accroche. 
Je décide de ne plus regarder ma montre. Peu importe mon allure, le principal, c’est que je passe la ligne d’arrivée. C’est tout ce qui compte. Toutes les 5 mn, je me répète « ne regarde pas ta montre, on s’en fout du temps ».


 

35ème km

Anne-Marie me rejoint. Le bien que ça me fait ! Ma 1ère phrase est de lui dire que j’ai peur de ne pas aller jusqu’au bout. Elle me booste et décide de finir avec moi. Au début je refuse, je veux qu’elle fasse sa course. Mais elle m’apprend qu’elle avait décidé de la faire en marchant et elle ne me laisse pas le choix. Je ne l’en remercierai jamais assez. Je réussis à ne plus penser à ma douleur, je « m’accroche » à Anne-Marie et lui emboîte la foulée. Elle qui ne devait pas courir, la voilà qui droppe et qui se surprend elle-même. On échange quelques mots, elle réussit même à me faire rire. Je pousse quelques petits cris de temps en temps, quand la douleur se fait trop vive, et quelques jurons aussi, j’avoue. Et on entre ensemble dans Saumur. Au loin, j’aperçois Séverine, Dédée et son mari, Caro et Charlotte, Mathilde. J’entends leurs acclamations, leurs encouragements, l’émotion me prend. Ça me booste un peu plus. J’arrive à leur hauteur, il reste alors 4 km. Les larmes aux yeux, je tape dans la main de chacun d’entre eux, leurs sourires et particulièrement celui de Dédée s'impriment dans ma tête, et je continue ma route. C’est pas le moment de craquer et de perdre le peu de jus qu’il me reste.



 

 

Les derniers km sont interminables

Anne-Marie me sort les mots qu’il faut, elle me dit que j’ai un mental et que je vais y arriver. Jamais la fin d’une course ne m’a semblée aussi longue.

Dernière ligne droite. Jean-Yves est là, il attend son binôme. Il nous emboîte le pas pour terminer avec nous. Lui aussi me donne de la force. Je prends quelques mètres d’avance, remotivée par la ligne d’arrivée qui se profile au loin. Je croise Alba qui est au milieu de la route et qui court quelques mètres avec moi en me félicitant. Je ne comprends pas la moitié de ce qu'elle me dit avec son débit de parole et son accent espagnol et ça me fait sourire. Elle me fait du bien.

Encore quelques mètres. Je vois Mika qui me motive. Ma seule préoccupation : savoir où est Jessica. Apparemment elle n’est pas encore passée. J’espère qu’elle va bien.

L’arrivée n’est plus qu’à 200 m. Mon dieu, ça y est, j’ai réussi. Je sens un sourire se dessiner sur mes lèvres, puis je ris. Je fais le signe de la victoire, je franchis la ligne. 42.195 km. Je les ai fais. J’ai même réussi à faire moins de 5h. J’arrive pas à le croire.

Je suis un peu hébétée. J’entends le speaker qui prononce mon nom. Une femme me passe la médaille autour du cou. Je craque et je fonds en larmes, seule au milieu de la foule.
Je me retourne, Jean-Yves et Anne-Marie sont là. Je m’écroule en sanglots dans les bras d’Anne-Marie, la remercie. Jean-Yves est ému aussi. Nous rejoignons les autres, et bim, je refonds en larmes dans les bras de Séverine. Désolée Séverine, ma sueur t'a collée à la peau ! On me prend dans les bras, je pleure, je ris, c’est juste incroyable. Je sèche enfin mes larmes, félicite à mon tour mes comparses qui ont tous fait une belle course, et je repleure avec Jessica qui vient d’arriver.

Je reprends mes esprits, réalise ce que je viens de faire. Je suis marathonienne. Finies les larmes pour aujourd’hui, place aux rires. Du moins c’est ce que je crois. Je me retourne, bousculée par un chien que je ne reconnais pas. Je vois Séverine et son immense sourire, et à côté d’elle, un homme qui tient la laisse de Jengo, mon chien. Stéphane. Il a fait 4h de route juste pour venir me voir à l’arrivée…….J'ai pas de mots et le serre fort contre moi en pleurant.



 

 

Ce 1er marathon sera inoubliable. Il est gravé en moi et le restera probablement toujours. C'est donc vrai, le marathon est une course mythique et à part. Il faut le vivre pour le comprendre. Je l’ai fait, et pas seulement à force de volonté. Je l’ai fait grâce à tous ceux qui m’ont entourée, avant et pendant la course. Que dire d’autre que « merci » ? Alors MERCI ! Comme dit Jean-Claude, n’est marathonien que celui qui a couru un marathon. Et je suis marathonienne.