N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Un Ultra-Marin comme beaucoup d'autres

 

 

 

 

 

 "Les Champions, peu nombreux, sont toujours devant,

alos que les Exceptionnels remplissent les pelotons"

 Dom Cado 

 

Histoire d’un raid : 30 juin  2017

 

Jean-Claude.

 

 

 

LA VIE EST BELLE.

 

Depuis plusieurs années l’envie de me réinscrire au départ du Raid (177km)  de l’Ultra-Marin me titillait. La première édition ne m’ayant pas laissé un souvenir impérissable, une chute étant venue perturber mon aventure. En attendant le 87 km  et le 56km réalisés plusieurs fois m’ont permis de patienter. Trois opérations des genoux plus tard me voilà prêt à reprendre l’entrainement. Quelques sorties de marche avec ma femme, beaucoup de vélo, je recommence  en mai 2016 les sorties avec le club.

 

 

 

Fin juin de cette même année, Séverine notre présidente de la section running de l’Asptt de Vannes, force mon admiration en terminant les 177 km cette année-là. C’est le moment où je prends LA décision : "Je le fais l’an prochain"  C’est aussi le moment où j’en parle à ma femme (qui avait vu le coup venir), lors d’un diner au restaurant.  Je lui annonce que je me lance sur l’Ultra-Marin et que pendant 6 mois je vais m’entrainer un peu plus que d’habitude. Sa réaction était prévisible et compréhensible : "Tu viens de subir une opération du genou tu vas tout mettre par terre tu fais comme tu veux mais je ne suis pas d’accord".  J’ai surtout entendu, "Tu fais comme tu veux".  Désolé mon cœur, je tiens à concrétiser cette épreuve, et je sais que tu seras à mes côtés, pendant toute la préparation pour que je réussisse …..

 

Des entrainements en commun me permettent de me situer avec des coureurs de l’Asptt : Christian (qui se blessera), Marie-Pierre, Romuald, Séverine et "l’autre Christian" l’extra-terrestre, une bête de course cet homme-là. Et puis, bien entendu,  le travail personnel. Enorme : vélo, marche, course, musculation, quelques courses comme Berric je passe mais dur/dur. Le Tri-Condat super bien. Guerlédan un cauchemar. Cependant pas question de baisser les bras. Je m’accroche j’amplifie l’entrainement jusqu'à l’avant dernière semaine où nous partons avec ma femme dans un camping de bord de mer à ne rien faire enfin presque : baignade, transat, un bon livre, du soleil une bonne bière  chaque jour ….. La vie est belle.

 

Jeudi 29  juin, le jour de la prise des dossards. La petite semaine au camping m’a fait un bien énorme. Je suis dans une bulle de détermination. Je le ferai, j’y arriverai, j’aurai mal, mais j’irai au bout. La journée du vendredi en attendant le départ à 18 heure, est longue, toujours longue. Je prépare mes affaires, ma femme est de plus en plus inquiète. Je lui promets de ne pas prendre de risques (Elle ne me croit pas).

           

A l’approche du départ sur l’esplanade du port de Vannes, ma belle-fille, mes fils, mes petits fils sont avec moi et tous les copains, ceux que j’attendais, d’autres qui m’ont surpris par leur présence, des membres  de l’Asptt en nombre ….. Impressionnant.

Dix minutes avant le départ, le rituel des photos et surtout l’émotion en voyant la crainte et aussi de la fierté dans les yeux de ma famille.


 

 

Le départ est donné, Christian, l’extra-terrestre, est déjà un point loin devant. Nous restons : Marie-Pierre, Séverine, Romuald, ensemble, comme si nous n’avions pas envie de nous séparer. "Je me sens dans un bon jour, en pleine forme" pour répondre à une question de Séverine au bout du dixième kilomètre.

Port-Blanc, mon fils ainé est présent, ainsi que Manue qui courre pour ne pas me rater. Mathieu et Louise sont là aussi, comme de nombreux copains du club. Même les anciens sont là.

 

 

 

Marie-Pierre, pour avoir couru et marché souvent avec elle pendant la préparation, décide de s’arrêter au 36ème kilomètre. Sage décision, arrêt intelligent, pour éviter d’aggraver sa blessure. Jusqu’à Larmor Baden j’ai autour du moi toutes les personnes qui souhaitent que je réussisse. Sauf Marie, ma femme, absente parce qu’elle garde les trésors de ma vie : mes petits fils. Demain c’est la kermesse de l’école et comme papa travaille et maman se prépare pour le 56 kilomètres, Mamie s’occupe des petits. Merci mon cœur.

 

En quittant le Bono vers une heure du matin nous passons devant le jardin des souvenirs, une grosse, très grosse pensée pour mon copain Cyril que je n’oublierai jamais. Connaissant bien le circuit je me donne des objectifs, je morcelle ma course en petits bouts, sans oublier le conseil de Denis de m’hydrater souvent.  Aux ravitaillements je me nourris de salé, le sucré est dans mes poches tout se passe merveilleusement bien. Le téléphone, dans mon sac  sonne souvent. J’ai décidé de ne pas me laisser distraire. Je ne réponds pas.  Je verrai à Arzon, lors du grand ravitaillement les messages reçus, sûrement des encouragements.

 

Avant Locmariaquer je rattrape des concurrents en souffrance et nous en sommes qu’à la moitié. Je décide de ne pas m’apitoyer. Après tout on est tous là par choix. L’entrée du Golfe du Morbihan se traverse en zodiac, j’ai froid comme les autres.

 

 

 

Arzon, le grand, le gros ravitaillement. 16h que je suis parti. Il est dix heures du matin, je retrouve Séverine prête à redémarrer et Romuald.  Le départ du 36 km, La Ronde des Douaniers, à Séné est pour bientôt, j’ai une pensée pour les copains du club qui sont inscrits sur cette course.  Je me douche je mange un peu mais je ne peux pas me reposer je décide de repartir en compagnie de Romuald. Nous resterons ensemble jusqu’à Sarzeau d’où sera donné le départ du 56km ce soir, avec bien évidemment des coureurs et coureuses de l’Asptt.

 

 

 

Romuald  prend la décision de s’arrêter ("Tu pouvais encore, Romuald, j’en suis certain"). Séverine est là, avec un train d’avance, prête à repartir. Claire me prête un tube de pommade pour bébé pour soulager quelques brûlures mal placées. Je repars, dans le dur, avec des moments de faiblesse, mais des moments qui ne s’éternisent pas, je suis déterminé à aller au bout, je suis persuadé d’aller au bout. Je serre les dents au point de m’abimer la lèvre.

 

Il est 17h. Cela fait 23h que je suis parti. Le départ du 56 km est donné à Sarzeau.  Je pense à vous  tous et à  Christelle ma belle-fille, je sais que vous allez nous rattraper. J’attends ce moment avec impatience, parce que chacun va y aller de ses encouragements, comme de rester quelques dizaines de mètres avec moi.  Moments importants, influant sur ma fin de course.

 

Le Hézo, un message de ma femme : "Je me suis arrangée pour les petits je viens avec les gars te voir à l’arrivée".   Alors plus que jamais j’y serai à l’arrivée.

 

 

Encore des copains, toujours des copains, en scooter à pied, Christophe, Christian, Hélène, Valérie et tous les autres qui ont fait mon assistance. Vous êtes des gens généreux. J’aperçois Manue encore enceinte qui m’embrasse, un selfie avant de partir accoucher. C’est génial la vie… Vive Victor.


La salle Le Derf à Séné où se situe le ravitaillement, à l’entrée dans la salle, à cause de la chaleur et la fatigue, j’ai comme un étourdissement. Séverine présente, prête à repartir,  me propose de m’attendre et de finir ensemble. J’hésite, je ne veux pas lui briser sa course. Elle insiste. Je dis oui. Je me ravitaille rapidement et on repart  (Je te remercie Séverine de ce geste qui me touche énormément).

 

Port Anna, je prends le temps de m’hydrater.  Je repars, j’ai froid.  Daniel, dossard 807, perdu, fatigué, éreinté à qui je propose de venir avec moi. On finira ensemble. Les derniers kilomètres, une jeune femme concurrente du 56, ne peut  pratiquement plus marcher, désorientée. Son compagnon sort d’une haie il est un peu mieux je leur explique qu’il ne reste que 3km (j’ai menti un peu).


 

 

L’arrivée sur l’esplanade du port de Vannes. Bien sûr il est tard, 3 heure, bien sûr il n’y pas grand monde, beaucoup de mes amis qui m’ont encouragé depuis des heures sont allés dormir, comme je les comprends,  mais ils en restent. Ils me font la fête. Ma femme, mes garçons, ma belle-fille sont là aussi, l’émotion me gagne l’émotion nous gagne.

Je félicite Séverine, elle est forte notre Présidente de section, une vraie championne. Christian, notre extra-terrestre, est couché  depuis longtemps, après 23h de course. Son objectif était de réaliser 24h. Chapeau  Christian.

 

Un défi comme celui-là, à mon niveau ne se fait pas seul il me fallait ma femme, ma famille, mes amis et vous étiez tous présents. J’ai la chance d’être Président d’une belle association sportive composée de personnes délicieuses. J’ai toujours un immense plaisir à être avec vous. Continuons à garder ce bel esprit, cette convivialité,  cette combativité.

Vive le sport, vive l’ASPTT et n’oubliez pas : LA VIE EST BELLE

Jean-Claude

Ps : Pour l’anecdote : 426/618 ….. 33h 29’ 10 " ….. 27ème en V3 …..