N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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légère pluie

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Yannick Tual au Marathon des Sables

Le 26ème Marathon des Sables. Du 1er au 11 avril 2011

 

"Tout ce que j’ai appris de plus pur et de plus vrai sur les hommes, c’est au sport que je le dois"

 Albert Camus

 

  

Vouloir et Pouvoir

Ces mots que l’on retrouve en permanence dans nos vies sont chez moi infiniment liés.

Tout au long de ma vie, qu’elle soit professionnelle ou sportive, j’ai tenté d’atteindre les objectifs fixés. J’ai compris, que sans volonté, on n’atteint pas son but.

Pendant 30 ans, je me suis investi dans le milieu du football en tant que joueur puis entraîneur, et cette grande expérience est une bonne école qui permet de se remettre en question.

Il y a, maintenant, cinq ans, j’ai décidé de me lancer dans la course à pied. Les différentes épreuves… 10 – 15 kms, semi marathon, puis mes 17 marathons m’ont définitivement donné l’envie de me surpasser, d’aller au-delà de la souffrance, de savoir jusqu’où mon corps peut aller et mon mental m’amener.

C’est pourquoi, je me suis engagé dans des courses plus longues et plus difficiles telles qu’un 100 Kms, la course des Templiers et d’autres raids qui m’ont forgé physiquement et mentalement

Cette résistance insoupçonnée et la motivation de vouloir faire plus encore et mieux sont, pour moi et au regard des autres, des éléments pour devenir un gagneur, un finisseur.

Et c’est naturellement, pour connaître mes limites et être reconnu dans ce monde de la course à pied que j’ai voulu faire ce 26ème Marathon des Sables.


1er mai 2011

Cela fait bizarre cette pluie fine sur Vannes ce dimanche 1er mai. Il fallait qu’il pleuve ! Çà fait longtemps qu’il n’y a pas eu d’eau et c’est important. Oh que oui, l’eau c’est important.

Avec mon ami Dominique, nous trottinons sur les chemins côtiers en relatant nos dernières sorties et bien évidemment retour sur cette course qui me marquera au fond de moi pendant de longues années.

Il y a trois semaines, je revenais du Marathon des Sables, le fameux MDS; çà sonne bien MDS, quand on le dit ; çà sonne bien MDS quant on le court ;

Ma décision de partir où plutôt de repartir est née au début de l’année 2010. Je repars pour faire un vrai MDS ; celui de 2009 m’a frustré. Il faut savoir qu’en 2009 mes cinq amis, Gwénola, Marijo, Alexis, Pierrick et Gilles, avons connu une semaine particulière (pluies, inondations), parcours rendu impraticable, suppression de la 1ère étape et de la dernière, allongement de l’étape longue pour la porter à 91 kms. Cela ne m’avait pas satisfait.

Nous finissons tous ce marathon des sables 2009 avec des ressources physiques en réserve et une déception avouée dans les têtes.

Ce classement, 88ème sur 850 participants, ne me console pas.

J’y retourne mais, SEUL, défi particulier de ma part, qui pourtant aime être entouré de cette bande de copains que j’adore et qui veut voir comment je vais réagir seul dans les moments difficiles.

Alexis m’a prévenu : « Attention, le MDS est impitoyable. » Alexis, je vous en reparlerai plus tard ; notre maître, notre gourou, notre ami. Il dit les choses comme il les vit : authentique, riche personnalité, très bon coureur, connaissance parfaite de la course à pied et le marathon des sables en particulier. Il en est à sa cinquième participation. Sa rigueur est légendaire. Il allie conseils de compétiteur à ses connaissances professionnelles. – Alexis est cardiologue ; çà aide, surtout pour moi.



Entraînement et préparation physique

Montre-moi ton programme d’entraînement, me lance-t-il à l’automne 2010. Je m’exécute juste avant les fêtes de fin d’année. Bien évidemment, voulant trop bien faire, j’ai droit à une « remontée de bretelles » et le droit et le devoir de revoir ma copie.

De janvier à mi-mars 2011, sur 12 semaines, le programme est établi : 3 sorties par semaine + 1 sortie fractionnée et le week-end, une sortie longue sur les plages du Morbihan et de Navarre avec un sac à dos chargé de 6 à 8 kgs sans compter l’eau selon les sorties.

Ces moments là, je vous le jure, ont été pour moi un véritable bonheur, par tous les temps avec entr’autres :

  • Port-Navalo/Banastère sous la tempête
  • Quiberon/Gâvres, seul sous la pluie
  • Pont-Aven/Concarneau avec les amis Gilles, Gwénola et   Alexis dans le froid
  • Noirmoutier en 2 étapes : que de beaux souvenirs

soit un total de 250 kms avec un sac en préparation.

 

Je n’oublierai jamais le soutien, à la fois physique et mental, pendant deux mois, par leur présence de Gwénola, Mao, Alexis, Gilou, Dominique et Fabrice. Merci d’être venus effectuer ces kilomètres qui m’ont paru moins longs, à charge, sans jeu de mots, de revanche.


 

Le départ

Ce 30 mars, sur le quai de la gare de Vannes, ils sont également là, me prodiguant les derniers conseils. Non, je n’ai rien oublié : mon passeport, mes papiers administratifs, mon électro-cardiogramme et bien sûr, mon sac chargé à 8 kms sans eau. Je suis sûr de mon paquetage. Un dernier au revoir, un dernier regard, on s’embrasse.

Je serre très fort Marité, ma femme. Comment ne pas lui dire, redire et écrire combien sa présence, son soutien, sa patience et son sens de l’organisation ont été, tout comme en 2009, omniprésente, rassurante et indispensable.

Entre Vannes et Paris, je revois tous les moments passés à préparer la nourriture lyophilisée, le pesage, le rangement ; Merci Marité.

Je veux te prouver que tous ces investissements ne sont pas vains ; tu feras le marathon des sables avec moi, sur mon dos et dans ma tête.

Des sentiments se bousculent et, comme souvent, contradictoires : Suis-je assez entraîné ? Ai-je fait le bon choix des chaussures, la nourriture… ?

Je repense également à tous ces gens qui me soutiennent en dehors du groupe de coureurs à pied et que je remercie sincèrement :

  • Ma  famille, mes enfants Marina, Yasmina, Julien, Elise, qui s’interrogent : Pourquoi cours-tu autant ? Que recherches-tu ? A mes petits enfants, Sarah, Ilan, Louane, Yaël et Soann qui regardent leur papy, avec de grands yeux étonnés.
  • Mes frères et mes sœurs, à la fois inquiets et fiers, mes collègues de travail, vivant au quotidien cette addiction aux entraînements, mes amis footballeurs et sponsors, ne comprenant pas que l’on puisse courir aussi longtemps sans ballon.
  • Mes sponsors : mon employeur qui m’a offert son soutien moral et financier. A toi, ma fille, Marina qui s’est investie avec ton assurance Aviva ; à vous, mes amis de Sérent et le groupement de Tromeur, à toi, Raymond Dupont, président du club de Vannes Ménimur; à vous Georges  et Claudine.

Pour vous tous, je me battrai… j’irai jusqu’au bout.

En même temps, j‘ai peur. Je sais ce qui m’attend. Montparnasse – 17 h 15 …  Descente du train, je roule ma valise vite, très vite… pourquoi ? Je ne sais pas. J’ai un sourire. Le Marathon n’est pas commencé. Les navettes Orly s’enchaînent. Après avoir placé  moi-même ma précieuse valise (au label camorien), je me cale au fond du bus direction Orly. Le chauffeur doit avoir rendez-vous. Il slalome, klaxonne, double … résultat : 25 minutes plus tard : Orly Sud se dresse devant moi. Je repère mon paquetage, et me dirige direction Porte H. Navette hôtel Ibis situé à 1 km face à Orly.

Ah ! cet hôtel Ibis Sud. Dès que je pénètre dans le hall, je me revois deux ans plus tôt avec mes cinq complices… l’accueil, l’ascenseur, la chambre, rien à changer. Je vous avoue, que c’est bien là, à cet hôtel, que j’ai ressenti un moment de solitude. Après avoir déposé mes affaires dans la chambre, il est 18 h 20. Je décide de me reposer une petite heure Je zappe nerveusement d’une chaîne à l’autre recherchant à m’accrocher à tout et à rien. Je me projette sur ma soirée. Je mangerai à 19 h 30. Au lit à 21 h 30. Demain réveil à 4 h   - navette 4 h 50  --- Orly 5 h. Contrôle des bagages. Je m’assoupis. Mon portable sonne – Marité – Tout va bien –

19 h15 : le hall de l’hôtel se remplit de marathoniens qui prennent possession de leur chambre.

J’aperçois Christian, avec qui j’ai fait connaissance en 2009, responsable d’une chaîne hôtelière dans le sud de la France et échangeons quelques mots de politesse et d’encouragement.

Il effectue son 15ème MDS. Le maître d’hôtel me pose la question directe: une personne? Une personne. Je m’installe à sa demande dans un angle. Les groupes se retrouvent sur des tables voisines et appellent sur portables. Des bribes de conversations me parviennent… entraînements, objectifs, anecdotes diverses alimentent les débats.

 

Je me revois deux ans plus tôt à deux tables de là, assis au milieu de notre groupe ayant les mêmes échanges ? Je savoure mon pain et mon fromage qui, terminera mon dernier repas « normal ».

A la table voisine, une voix me sort de mes pensées : « Bonsoir, excusez-moi, vous en êtes ? ». Mes yeux se détournent et voient un homme, la quarantaine, assis seul commençant son dîner.

Comprenant très vite le sens de sa question, je lui réponds : oui, j’en suis aussi … Sourire !!

"C’est la première fois ?" me demande t-il.

Je réponds, avec malice : "presque".

"Et vous?"

"Première fois".

Simultanément, nos mains se tendent. Hugues- Yannick.

Il est 21h30, nous avons discuté 1 heure à parler de tout et de rien… la vie, la course à pied, les défis.

Nos origines : moi de Bretagne, lui installé à Tahiti, en tant que médecin, décidément !!!

22 h : en me couchant, une pensée pour Alexis. Tu as raison sur ce genre d’épreuve. On n’est jamais seul très longtemps.

Après l’attente et les contrôles administratifs d’usage, nous nous installons dans le milieu de l’avion qui ne tarde pas à décoller. Le temps est dégagé. Les yeux rivés sur le hublot admirant le panorama, nous profitons de ce moment pour alterner conversations diverses et repos.

Atterrissage dans 20 mn. La voix du Stewart nous interrompt.

Hugues parle de sa passion, ce qui l’amène à parcourir les continents, à sortir de cette Polynésie où en tant que gynécologue,

il se trouve souvent enfermé. 48 ans, Hugues dégage beaucoup de sympathie, de simplicité. Il pose beaucoup de questions sur l’épreuve que nous allons vivre ensemble.

Après l’atterrissage sans problème, contrôle des passeports. Les bus nous attendent. Il est 10 h 30 et il fait 32°. Nous roulons depuis 2 h 30. Arrêt pendant 15mn. A l’extérieur, la chaleur est étouffante …43°, le paysage est magnifique, le désert est d’une beauté céleste.

Nous déjeunons à l’extérieur. Le pain se fait rare. Un coureur allemand nous souffle le dernier morceau. Je le dévisage. Cela ne l’empêche pas de dévorer son précieux butin devant nos yeux. (Remise du Road Book et appel d’Alexis).


 

L’arrivée au camp

C’est vers 17 h que les bus quittent la route et empruntent sur 1 km des voies à peine carrossables. Arrêt total. Après avoir récupérer nos bagages, nous nous entassons dans des camions militaires. Deux kilomètres dans le désert. Devant nous, ce même majestueux camp…notre camp. A gauche, les tentes noires des concurrents de 1 à 33 pour les français ; 34 et 35 pour les élites, 35 à 50 pour les étrangers. A droite, les tentes blanches pour l’organisation (infirmerie, média etc ..)

Hugues et moi, devenus inséparables, arrivons, avec les premiers camions, au milieu d’une centaine de marathoniens.

Après avoir été informé, nous choisissons la tente n° 6 en attentant l’arrivée de nouveaux coéquipiers.

A genoux, sous cette tente n° 6, nous déballons nos affaires au milieu d’une cohue. Les tentes berbères se remplissent au fil de l’arrivée des concurrents. Deux coureurs nous demandent l’hospitalité. Nous serons quatre, Sébastien et Franck s’installent. Dix minutes plus tard, Jean-Pierre se présente, puis une surprise caractérise notre sixième athlète : Gérard qui se présente ainsi : Je m’appelle Gérard ; peu après, dévoile son âge : 72 ans.

C’est avec beaucoup de respect et d’émotion que nous préparons l’endroit réservé à notre doyen.

Après les conversations d’usage, 18 h 30 nous obligent à nous diriger vers la file d’attente qui nous conduit au repas du soir non lyophilisé.

Retour à la tente à 20 h. La nuit tombe; chacun se déplace à l’aide de sa frontale et s’installe dans son sac de couchage sur le tapis de notre tente où l’on apprécie déjà les effets caillouteux restés entre sable et tapis.

Nous nous endormons rapidement, las, après une journée bien remplie.

 

Journée du Samedi 02 avril 2011

Elle est  réservée au contrôle administratif et du sac.

Sous la tente n° 6, les relations se créées ; les questions fusent. Je m’aperçois être le seul a avoir déjà participé. Je réponds tant bien que mal aux interrogations et deviens sans le vouloir un appui et un soutien pour chacun. Au soir de cette dernière journée, avant le départ, on sent la tension montée d’un cran. Préparant minutieusement le sac du lendemain, je sors machinalement mais méticuleusement le lyophilisé du petit déjeuner – jour 1 – mets la nourriture pour la course dans le ventral, les produits énergétiques, prépare le knok pour les pieds et cela sous les yeux ébahis de mes compagnons qui, au fil des jours, feront exactement la même chose.

C’est ensemble que nous stockons les brindilles nécessaires au feu du lendemain matin.

Avant de nous endormir, je propose que nous consultions le road book – étude du terrain là aussi. Nous le ferons à chaque étape.

Le vent se lève vers 22 h. Il fait froid, je m’enveloppe dans ma tunique de peintre et me camouffle dans le sac de couchage d’Alexis. Je dors, en pointillé, me retournant toutes les 10’. Le sol est dur. Sous la tente, Franck ronfle… il faudra s’habituer.

Je suis le premier levé … il est 5 h 45. Je me débarrasse de ma polaire. Il fait jour mais frais (4°). J’enfile mon maillot, mon short, me badigeonne le dessous des pieds de Knok. J’insiste… chaussettes, remets ma tenue de peintre et à genoux : pliage du couchage, chaussures, debout, gamelle et feu, il est 6 h, soit 15’ entre le lever et le moment où je quitte la tente où mes coéquipiers commencent à émerger. 6 h 05, les marocains démontent la tente au grand dam de mes cinq malheureux compagnons pourtant prévenus.

A 6 h 30, je bois mon café bien chaud. A 7 h, c’est le spordej que je n’aime pas, mais je me force. Ensuite à 8 h, c’est la toilette et petit coin pour rien. 8 h 15 : alimentation en eau. Cette eau si chère et si précieuse.

8 h 30 : préparation du sac

8 h 50 : ligne de départ.

 

 

La course du Marathon des Sables

Dimanche 03 avril 2011 :

Première étape : Dar Kaoua / Kourci Dial Zaïd : 33 kms

Avec une grosse difficulté du CP1 à partir du 13ème kms jusqu’au CP2  26ème kms : traversée des dunes de Merguza.

Après la présentation des 36 nations et les recommandations de Patrick Bauer, entassé sur la ligne de départ, je me sens à la fois impatient et inquiet. Ayant perdu de vue mes coéquipiers, j’observe autour de moi. Tous ces coureurs me paraissent bien affûtés. Beaucoup de jeunes entre 25 et 35 ans. Plus qu’une minute. Le groupe ACDC rythme en musique le futur départ avec le titre « La route de l’enfer ». Tout un programme !!! Je bois, je suis prêt. Il fait 38°. C’est parti.

Je me freine dès le départ. J’ai appris à connaître ma vitesse même sans GPS, et je m’impose un rythme à 8kms/h, pas plus, me dis-je pour l’instant. Et pendant 13 kms, je gère traversée de petites dunes ; je bois régulièrement. Je me fais une réflexion en comptant la rangée de coureurs devant moi sur des centaines de mètres. Je suis dans les 100 premiers. Je me jure de ne plus le faire et de m’occuper de ma course. Pari gagné.

La chaleur monte. J’atteins le CP1 au bout de 1 h 50’. Devant moi se dresse les majestueuses dunes de Merguza. Je remplis rapidement mes bidons, avale deux pastilles de sel, prends un nuts déjà mou et je repars.

Devant moi, la colonne de coureur ralentit. Je ne cherche pas à doubler, je gère, je descends les dunes en me lâchant. J’aime le sable ; je suis servi : 13 kilomètres de dunes à venir. Arrivé au CP2 : il est temps.

Ravitaillement en eau, sel. Je repars après 2’ de pose. On longe un plateau, traversée d’oued asséché. J’accélère légèrement. Je bois. Le bivouac est en vue. C’est la fin de la première étape que j’analyse positivement, surpris d’arriver aussi frais.

Aussitôt la ligne d’arrivée franchit, le rite reprend : pointage, bouteilles d’eau, arrivée à la tente n°6. Je suis seul. Lavage des pieds, pas d’ampoule en vue. Lavage des chaussettes que je mets à sécher à l’ombre. Il est 14 h et fait 45°. Je reste ainsi cinq minutes. J’enlève mon maillot floqué aux couleurs de la Sacer, mon entreprise, et d’Aviva, mon assureur. Je le rince. Je bois, fini la première bouteille et coupe le fond. Je mets mes chaussons. Je marche un peu en allant chercher du bois. Au retour à la tente, Sébastien est arrivé ; il souffre d’ampoules. Je prépare le feu et déjeune à 16 h. Ensuite, sortir les sachets de nourriture - dîner du premier jour et le sachet du deuxième jour. Franck arrive, puis Hugues. Fatigués. Gérard arrive à 17 h et Jean-Pierre en boitant à 18 h 15.

Je prends mon dîner : pâte bolognaise avant la nuit. Je suis satisfait de cette 1ère étape mais comment ne pas revenir sur cette beauté naturelle que sont ces dunes à perte de vue.

Je m’en veux de ne pas prendre le temps d’apprécier à sa juste valeur ces paysages tout comme la beauté du golfe du Morbihan que nous parcourrons régulièrement d’un œil simplement distrait.

Je me prépare sans bruit au lendemain. Je m’inquiète pour l’état des pieds de Sébastien et Jean-Pierre partis à l’infirmerie. Je me repose et suis prêt pour l’étape 2. Je consulte le road book à la lampe frontale.

 

 

Lundi 04 avril 2011 :

Etape 2 : Kourci Dial Zaïd/ Jebel el Mraïer : 38 kms.

Je n’ai pas bien dormi pour plusieurs raisons. Franck a encore ronflé. Mais, mon dos me fait à nouveau souffrir. J’envie Hugues sur son matelas gonflable. Mon mal de dos récurrent, me rappelle à la dure réalité du temps qui passe. Parlons technique : ma L2 et L3 coince le nerf sciatique qui déclenche une douleur latente et persistante, le tout développer par la position assise et allongée. Paradoxalement, en course, la douleur s’estompe (voltarène et produits adaptés) furent nécessaires. Merci Gwénola.

Briefing de la deuxième étape. La chaleur est déjà là ainsi que les premiers abandons. J’ai décidé d’adopter la même tactique que la veille. Sur la ligne de départ, au milieu des concurrents, je regarde autour de moi et me demande à quoi pensent ces athlètes. Doutent-ils ? Sont-ils impatients de partir ? J’observe plus que je n’écoute Patrick Bauer au micro qui débite les dates des anniversaires du jour, rappelle les recommandations ô combien importantes. Je suis déjà ailleurs dans ma course, je bois le reste de ma bouteille à petites gorgées, ajuste pour la énième fois mes sangles. Je croise du regard un coureur. Sourires. Nos mains se serrent naturellement et j’entends avec un fort accent « Allez Yannick ». Je réponds de la même manière en citant son prénom – Karl - inscrit sur le dossard. C’est curieux ces instants de communion où les messages passent au travers de quelques secondes.

C’est parti pour 38 kms. Dès les premiers kilomètres, je me remémore le parcours que j’ai étudié la veille sous la tente. Je sais que la première partie de l’étape ne présente pas de difficulté particulière. J’arrive au CP1 (11ème kms) en gérant parfaitement mon allure et buvant comme on me l’a appris. Le paysage est magnifique. Les enfants courent près de nous et nous interpellent.

Entre le CP1 et le CP2, 11 kms au travers des dunes ; je suis à l’aise, mais volontairement, je m’oblige à ralentir. La partie comprise entre le CP2 et le CP3 est plus technique et m’oblige à alterner marche et course, mais tout va bien.

Après le CP3 et le rituel ravitaillement (eau, sel), j’enchaîne rapidement les sept derniers kms avec détermination. Je me surprends à regarder et admirer autour de moi, mes jambes courent, mon cœur assume, mes yeux apprécient, mon cerveau me renvoie des sensations de bien-être et de bonheur que seuls les coureurs ressentent dans ces moments privilégiés.

Je franchis la ligne d’arrivée avec un grand sourire. Cette deuxième étape reste peut-être comme un des meilleurs souvenirs. Tente n° 6 : j’arrive chez moi. Le tapis est balayé par le vent. Personne n’est arrivé. Quelques gros cailloux lestent notre chambre à coucher. Le vent se lève. Après les soins des pieds, je prépare à la hâte mon repas du soir, range déjà ma nourriture de course du lendemain dans le ventral. J’ai faim… il est 15h. La bouteille qui se trouve en plein soleil monte en température. Je n’ai même pas besoin de faire du feu. Mon hachis parmentier est juste délicieux.

La tente se remplit au fil des heures : Sébastien, Franck, Hugues, Gérard et enfin à la nuit tombée Jean-Pierre et chacun relate leurs sensations du jour. Les plaies aux pieds de Sébastien s’aggravent. Hugues découvre ses premières ampoules. Jean-Pierre a du mal à marcher. Le sable entrant dans ses chaussures provoque des plaies. Jean-Pierre n’a pas de guêtres.

J’ai du mal à m’endormir. Je crains et appréhende la nuit par rapport à mon mal de dos. J’attends toujours le moment d’utiliser mes sacs de couleur marron. Et oui, je ne vous ai pas encore parlé des toilettes du bivouac. L’organisation, avec le souhait de conserver l’environnement propre et à juste titre, a innové.

Quelques boxes bâchés sont dispatchés autour du bivouac et accueillent les athlètes hommes et femmes à effectuer les besoins

naturels dans des sacs plastiques jetables. Je vous laisse imaginer le stress ressenti dans ces grands moments où à travers la bâche que vous tentez de fixer d’une main, vous apercevez une file de coureurs qui attendent leur tour. Ces moments paraissent anecdotiques et superficiels, mais extrêmement important pour le coureur à pied, en particulier pour moi.


 

 

Mardi 05 avril 2011 :

Etape 3 : Jebel el Mraïer/ Oued Rheris Est : 38 kms

38 kms nous sont proposés au menu de cette étape qui, à la lecture du road book, paraît très technique. Elle le sera. Plateau, traversée d’oueds, terrain sablonneux, dunettes, franchissement d’un jebel au 32 kms.

Avant les dunes, un invité marquant est venu pimenter l’avant course et le début de cette 3èmeétape : le vent.

En Bretagne, le vent fait partie du décor, mais là-bas, il faut associé le mot sable et çà devient « vent de sable ». Maintenant, je connais. Il s’est sournoisement levé la veille au soir, nous obligeant à nous protéger dans nos abris pour la nuit. Le matin, il a redoublé de force et rendu le départ difficile par le manque de visibilité.

Mon buff sur le visage où, juste des trous au niveau des yeux et de la bouche me permettaient à la fois de pouvoir respirer et de me préserver au mieux.

Dès les premiers kilomètres et ce jusqu’au CP1 au 12,5 kms, mes jambes me rassurent et supportent la répétition des étapes. Mon dos résiste grâce aux substitutions médicales de toutes les couleurs. Le vent se calme me permettant de retirer rageusement

mon buff, plus gênant qu’efficace. Mon esprit vagabonde en même temps que défilent sous mes yeux des paysages de rêves.

Mon passage au CP2 au milieu des dunes est rapide. Je suis bien. Automatiquement et dans l’ordre : plein des bidons, humidifier la casquette, pastille de sel, barre de céréales et c’est reparti. Le tout en deux minutes maximum. Le CP3 est à 7 kms ; je dois alterner marche et course au milieu des dunes très accidentées. Il fait très chaud entre 40 et 45°. Je bois l’eau devenue tiède dans les bidons. La colonne de coureurs s’étire de plus en plus. Plutôt que d’alterner marche et course, j’opte pour une autre formule qui est celle de trottiner plus lentement mais en continue.

Mes foulées m’amènent à la hauteur d’un français Ali, qui visiblement souffre énormément. Je m’arrête. Quelques mots nous permettent de nous présenter et de faire connaissance. Ali ne va pas bien du tout. Il souffre physiquement mais surtout mentalement. Je l’écoute, il parle, il parle de ses trois marathons des sables, de ses temps, ses classements. Je comprends très vite qu’il s’est grillé en partant trop vite. Je décide de l’aider. On partage quelques glucides ; je l’invite à repartir à mes côtés, j’adopte un rythme régulier. Il s’accroche, je donne le rythme.

Arrivée au CP3 (31ème kms)- ravitaillement rapide. Ali va mieux, il me dit « Si tu veux, vas-y, on se retrouve au bivouac ». Ma réponse est instantanée. «  Hors de question, demain ce sera peut-être l’inverse ». Un jebel s’offre à nos yeux et à nos jambes. La descente est plus difficile, puis des dunettes. Ali s’accroche. On aperçoit le campement.

Il court à ma hauteur ; on est bien. Je sens sa main saisir la mienne et nous franchissons la ligne d’arrivée ensemble. Quelques coureurs et accompagnateurs nous applaudissent. Ali me prend dans les bras. Nous nous congratulons mutuellement. « Merci », me dit-il dix fois. Je le trouve démesuré et en même temps, je suis très fier de moi.

Je repars vers ma tente serrant mes bouteilles d’eau et en revoyant tous ces moments de la journée.

Je m’installe et respecte mes rituels, prépare mes affaires pour ce que je ne sais pas encore que le lendemain sera ma journée la plus difficile. 


 

 


Mercredi 06 avril 2011 :

Etape 4 : Oued Rheris Est/ Rich Merzoug : 82 kms

Yannick, tout se joue sur la grande étape. Cette phrase, Alexis me l’a dite et répétée. Je croyais l’avoir intégrée.

Sur la ligne de départ de cette grande étape, il est 8h45 et jamais la chaleur ne s’était aussi vite imposée. Je me sens prêt, sûr de moi, trop peut-être. Les images des étapes précédentes et surtout celle d’hier se bousculent. Ma nuit de récupération, même insuffisante, n’altère pas mon mental. Les traversées d’oueds et de petites dunes ne font que conforter mon état d’esprit et physique du moment. J’avale les deux premiers CP malgré la chaleur qui atteint vers 12 h les 45 °. Entre le CP2 et le CP3, traversée d’anciens oueds. Je me ravitaille et bois régulièrement. Je me fixe le CP3 pour m’alimenter en sucré et en salé. Je me sens bien, trop bien.

Je double des colonnes de coureurs qui marchent et me pose pour la première fois cette question fondamentale : « Est-ce que je ne suis pas parti trop vite ? » La réponse me sera donnée au CP3 (au 38ème kms) au milieu des dunes, au comptage, on m’annonce que je passe en 48ème position. Là, je comprends. Je sais que les 50 premiers au général sont partis trois heures après nous. Je sais maintenant que j’ai mal géré mes 38 premiers kilomètres. Je m’arrête au CP3 et décide de m’alimenter. Mes barres d’énergie (nuts) sont immangeables et ressemblent plus à du nutella qu’à des barres. L’eau est bouillante dans les bidons. Je découpe un fond de bouteille et mélange l’eau avec une soupe lyophilisée.

Je l’avale rapidement et remplis mes bidons avant de repartir. Juste derrière moi, il y a deux français. La chaleur est toujours présente – 50/52° ; les avis sont partagés et les conversations vont bon train.

Après le passage au CP3, un jebel se dresse devant nous. J’alterne marche et course. Mon sac est lourd : une sangle ventrale vient de lâcher. Je rafistole au mieux et un nœud de fortune fera l’affaire. J’ai vidé mes réserves en barres qui ont complètement fondues. Je me fixe des objectifs : CP4 dans 11 kms et m’aperçois que cette projection vers l’avenir me viens pour la première fois à l’esprit et m’indique les premiers signes de difficultés.

En effet, mes jambes deviennent de plus en plus lourdes. Mon sac pèse une tonne et me déchire le dos. J’ai soif en permanence et ne peux plus m’alimenter. Les moindres dunettes m’obligent à marcher, voire m’arrêter. J’atteins tant bien que mal le CP4 deux heures plus tard, extrêmement éprouvé. Au point que les médecins s’en aperçoivent aussitôt et décident de me prendre en charge. Je me retrouve allongé au milieu d’un groupe de coureurs plus mal que moi. On prend ma tension, me tend des pastilles de sel. Je reste ainsi pendant 10 minutes et décide de repartir sans aucune contre indication. Je ne peux plus courir. Je comprends et analyse ce qui m’arrive. Des dizaines et des dizaines de coureurs me doublent. Je suis en colère après moi. Le corps revient toujours, il faut être patient. Alexis me l’a expliqué. J’en fais mon leitmotiv. La nuit tombe, la chaleur aussi et mon mental avec.

J’atteins le CP5 en piteux état. J’avale trois pastilles de sel, mélange sucré et salé et repart après avoir enfilé l’équipement de nuit et pris la lampe frontale.

Dunes et oueds asséchés séparent le CP5 du CP6. Moment le plus difficile du MDS 2011. Les premiers coureurs de l’élite me

doublent. Ahansal et la meilleure féminine, Florence Klein déclenchent nos encouragements et notre admiration. Je me force à avaler deux barres de céréales gentiment offertes par Christian avec qui j’ai partagé 11 kms entre le CP5 et le CP6.  

La nuit est bien là. Je ressens un léger mieux. Je dépose mon sac toujours rafistoler, enfile un Kway rangé dans mon sac à l’arrière, avale à nouveau 4 pastilles de sel, fait le plein des bidons et repars.

Je ne peux plus rien manger. Mon corps refuse. Les yeux rivés sur mes chaussures éclairées par le rayon de ma frontale, j’avance alternant marche et course. Le laser projeté de l’arrivée nous donne la force et l’impatience d’arriver. J’adopte une technique particulière en réglant ma montre: 30 mn de course, 10 mn de marche. Cette méthode ne dure pas longtemps, mon esprit vagabonde. Mais mon mental revient. Je finirai cette étape en limitant la casse.

Je me console en me disant que tous ces concurrents devant ou derrière moi souffrent autant. Je suis là parce que j’ai voulu y être et donc pas de raisons de ne pas vouloir souffrir. Je savais ce qui m’attendait, je suis préparé, entraîné et trop de gens de mon entourage, qui me soutiennent, ne comprendraient pas.

Je ne sais pas comment fonctionne les autres dans ces moments de difficultés. En ce qui me concerne, mon subconscient entre en action. Les gens que j’aime sont avec moi. Je lève de temps en temps les yeux, scrutant le ciel : de là-haut, mes proches, partis trop vite, me font avancer. Je pense à ma femme, toute la famille, mes amis, les sponsors, tous ces gens qui me suivent sur internet et pour eux, je ne renoncerai pas.

Je vous le dis maintenant. Cette grande étape a été pour moi, et de loin, la plus difficile de ce Marathon des Sables. Mais, jamais, pas une seconde, je n’ai pensé abandonner.

En franchissant la ligne d’arrivée 13h55 plus tard et 82 kms de course, je suis épuisé, mais toujours lucide.

Je demande mon classement de cette étape: 159ème. J’ai limité la casse. J’ai mal partout. Je ne m’attarde pas devant la caméra. Je me sens creux, usé. Je décide malgré tout d’avaler mon thé à la menthe offert à l’arrivée. Pointage. Eau.

J’arrive sous ma tente. Personne. J’ai des hauts le cœur. Je m’accroupis tant bien que mal et parviens à décrocher mon sac. Ma gorge se serre. A quatre pattes, je me glisse à l’extérieur. Je vomis trois fois, de l’eau et je compte six pastilles de sel les larmes aux yeux ; il est trois heures du matin. Je déplie le sac de couchage, dépose mes chaussures, m’allonge en chien de fusil et m’endort. Pas pour très longtemps.


 


 

Nuit du 06 au 07 avril 2011

Depuis mon arrivée à 23 h 55, l’épuisement et les douleurs m’ont poussés vers un sommeil ô combien légitime mais peu profond. Sur le tapis allongé, je dois me tourner et me retourner afin de sentir au minimum les os de mes hanches et du dos labourés par les cailloux du désert. Franck me sort de mon demi-sommeil. Il arrive peu après minuit trente. Lui aussi très éprouvé. Sa présence me rassure. Nous échangeons nos sensations et relatons cette étape faites de choix et d’erreurs. Sébastien et Hugues se succèdent entre 1 h et 
2 h du matin. La tente revit.

Je sors de mon couchage pour aider Sébastien à retirer ses baskets. Ses pieds ne sont que plaies et ampoules. Chacun s’affaire à soigner l’urgence. J’en avais presque oublié mes pieds. En retirant tant bien que mal mes chaussettes (seule paire utilisée et lavée soigneusement après chaque étape), je constate seulement deux ampoules dont une mal placée sous l’ongle du pouce gauche. Après un lavage soigné à l’eau, je parviens à trouver ma pharmacie (merci encore Gwénola) et à la lueur de ma frontale, m’empare d’une aiguille et perce sans appréhension mes deux ampoules. Désinfectant et le tour est joué. Pour mes compagnons d’infortune, l’opération est plus délicate. En effet, je suis le seul de mes cinq compères à ne pas avoir strapper mes pieds dans de l’élastoplasme – choix arbitraire et complètement personnel. Je constate que les pieds souffrent d’ampoules dues, pour la plupart, aux frottements de l’élastoplasme. Personne ne songe à chauffer de l’eau pour le dîner. Trop épuisés et accaparés par les soins. Nous gérons l’essentiel et échangeons nos impressions. Sur l’étape longue qui nous a tous plus ou moins marqué, Gérard, notre doyen nous surprend en pénétrant sous la tente vers 5 h 30. Il manque Jean-Pierre. Nous nous endormons. Derrière le jebel, les rayons du soleil commencent à percer.

 

 

 

Jeudi 07 avril 2011 : journée de repos.

Je décide de sortir de mon couchage vers 9h. Autour de moi, sous la tente, tout le monde dort, sauf Jean-Pierre. Assis, après avoir lavé mon maillot, sans gaspiller l’eau, j’enfile mes babouches en écoutant les bruits du camp, les applaudissements sporadiques et les commentaires du speaker. Des coureurs arrivent, en groupe ou parfois seul. Leur état fait peur à voir. Certains s’appuient sur des bâtons de fortune, d’autres boitent et traînent la jambe, mais parviennent à franchir la ligne d’arrivée.

Mes compagnons de tente, Sébastien et Hugues décident de partir à l’infirmerie. Soins des pieds. Je les regarde s’éloigner. A peine peuvent-ils marcher. Je me dis qu’il faut être complètement fou pour se mettre dans des états pareils et j’en fais partie.

Il est 10 h 30 et j’ai faim. C’est bon signe. Je marche normalement. Je vais chercher le bois nécessaire et réussi du premier coup à allumer le feu. Et oui !!! J’opte pour un hachis parmentier non utilisé la veille et termine par une crème.

Mes compagnons profitent du feu à l’heure du retour pour déjeuner à leur tour.

C’est vers 12 h 30 que Jean-Pierre arrive et il finit cette grande étape en marchant péniblement. Il est resté dormir au CP6. Bon choix. L’après-midi me paraît longue, allongé dans mon couchage. J’essaie de récupérer et parcours d’un œil puis avec plus d’attention le road book et notamment l’étape du lendemain – 42 kms.

Il est 17 h. Tout en préparant à nouveau le feu sacré, mes jambes m’y autorisent, contrairement à mes copains, je me demande quel sera mon état pour ce marathon qui se profile. Encouragé par mon classement provisoire, pour la première fois, j’envisage un objectif.

Le dîner me rassure, je récupère. Je mange bien, enfin, je crois. Je me force à passer dans ces fameuses toilettes avec mon petit sac marron… déplacement inutile.

Cette journée de repos restera pour moi malgré l’attente un bon souvenir. Le groupe de la tente n° 6 s’est encore un peu plus soudé. Les questions qu’ils me posent sont de plus en plus ciblées. Ils s’intéressent même à mon classement. Le tableau d’affichage est devenu un passage obligé.

Je retiendrai surtout l’arrivée in extremis de deux japonais vers 17 h à la limite du temps autorisé. Tous les concurrents applaudissent leur arrivée, accueillis par Patrick Bauer et sous une haie d’honneur. Moment inoubliable et très émouvant que seul le Marathon des Sables peut apporter.

La nuit du 7 au 08 avril fut difficile. Il faut composer entre les ronflements de Franck, les douleurs dorsales. Mon corps amaigri supporte de moins en moins le contact avec le sol. Je réussi néanmoins à m’endormir vers 21 h après avoir lu mes mails.

Moments privilégiés de bonheur qui nous permettent à la lueur de notre lampe de nous rappeler qu’au-delà des étoiles du désert, nos proches et amis nous soutiennent.

 

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