N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
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Interview de Matthias François

"Merci à Julien Kurtzemann dewww.runners56.fr de m’autoriser à copier/coller l’interview de :

Matthias FRANCOIS, ultra-runneur Morbihannais."

 

            Impossible que vous ne l'ayez pas déjà croisé pendant l'une de vos courses, il est partout. Avec 42 courses sur runners56 cette année (bon ok pas toutes dans le 56, soyons honnêtes, mais qu'est-ce que ça change), Matthias FRANCOIS est le coureur en ayant fait le plus (devançant de peu André ARHUERO dont le nombre atteint les 40 si je mets à jour son profil).

Au classement général de www.runners56.fr qui relate les courses depuis 2004, François est 3ème  avec 173 courses. Mais attention ce jeune homme ne s’en contente pas, toujours à la recherche de performance et ça marche, sa progression est continuelle.

Un exemple parmi d'autres, qui me fait personnellement «mal» : je l'ai toujours battu entre 2011 à 2014, désormais il finit devant moi depuis mars 2015, et ce à chaque confrontation. Moi je stagne, lui il progresse et prouve par-là que sa stratégie est payante, même si elle est peut-être pas toujours bien perçue.

 

*runners56* : Hello Matthias ! Bonne nouvelle, tu as droit à un Awards runners56 virtuel (à savoir : rien, si ce n'est une reconnaissance virtuelle …..). Il t'est attribué pour "le plus grand nombre de courses dans l'année". C’est une mauvaise nouvelle pour toi, je sais que tu détestes être jugé là-dessus ! Ton but n'est pas d'en faire le plus possible. Explique-nous.

Salut Julien, Je ne fais pas exprès de faire le plus de courses, sinon j’en ferais, encore, plus. Je me laisse guider par mes envies, influencer à suivre des amis et ces courses me servent parfois de séances rapides. Je pense aussi que c’est maintenant que j’ai envie de faire ce que je fais et pas dans dix ans. Plus tard j’en ferai forcément moins et je passerai à autre chose.

On entend souvent : «prendre du plaisir quand on court » Je ne m’alignerais pas si je n'en prenais pas. Je suis heureux de partager pendant et après les courses avec des amis. Quand on me dit de faire attention pour ma santé, ça me fait rire, je ne suis pas plus blessé que les autres, j’ai trouvé mon rythme course/entrainement !

 

*runners56* : Ta carrière débute timidement avec Auray-Vannes 2009, puis Auray-Vannes et le Marathon de Vannes en 2010. Et ensuite ... on ne t'arrête plus ! 20 courses dès 2011 dont ... le Grand raid, 177km, comme ça, d'entrée. Raconte-nous tes débuts. Pourquoi ? Comment ? Pourquoi cette envie d’en faire autant, courses et distances, si vite, si rapidement ?

Comme beaucoup de coureurs je suis passé par de nombreux sports, le football à Brech, le volley à Auray et depuis 1997 la Boxe Française au club d’Auray où j’enseigne une fois par semaine.

En course, je débute sur l’Auray-Vannes 2009, je n'avais jamais dépassé les 13km, mais je m’en sors. En 2010, après avoir amélioré sur Auray-Vannes, je me lance comme défi le Marathon de Vannes. Je fais resto/pub la veille, je n’imagine pas souffrir autant le lendemain. Je finis en marchant avec deux ampoules énormes de sept centimètres de diamètre.

Mon vrai départ sur les courses commence en 2011 sur le Vann’Eco tour, ensuite je commence à participer à des épreuves, régulièrement, à prendre du plaisir, à trouver l’ambiance sympa. J’enchaîne trois Marathons en peu de temps. 

Le premier 177km Raid du Golfe, est  un défi personnel, l’objectif : comprendre comment passer la distance, m’entrainer et préparer mes pieds pour éviter les ampoules. Pendant la course tout se passe bien jusque la mi-parcours, où je constate que mes pieds sont très enflés, je peux marcher mais courir m’est impossible.

Mes calculs montrent que je peux finir dans les temps. Le médecin ne sera pourtant pas loin de m’arrêter à 39km de l’arrivée : une contracture à une cheville, une entorse à l’autre, il me laisse continuer et je finis.

En arrivant au port de Vannes, je me remets à trottiner à la vue d’un coureur derrière moi à 200m de l’arrivée. Nous étions les deux derniers. Je resterai un bon moment sans courir. Je reviendrai trois fois sur l’Ultra-Marin, avec l’expérience cela se passera mieux.

 

*runners56* : Tu t'es offert déjà quelques belles expériences lointaines, entre l'UTMB 2012 et 2015, le Grand Raid Des Pyrénées 2013, ou encore ... la ... Diagonale des Fous 2013, 2014 et 2015, rien que ça ….. Elle porte ton nom cette Diagonale non ? Quelques anecdotes sur ces aventures qui doivent marquer à vie ?

Je ne crois pas être fou, mais assez déterminé quand je m’engage dans quelque chose, on a tous une ou plusieurs raisons différentes qui nous font courir. L’ultra pour moi représente un voyage, une aventure, des rencontres, sentir son corps vivre et plein d’autres choses, qu’une simple course ne m’apporte pas.

Sinon pour les anecdotes, je retiens que lorsqu’il pleut en ultra, les coureurs se parlent peu, comme sur l’UTMB 2012. En 2015, je garde un souvenir: être dans un petit groupe de quinze coureurs pendant un moment, où sur les dossards je constate au moins dix nationalités différentes.

Le Grand Raid des Pyrénées : des vues magnifiques, une course à échelle humaine, moins commerciale que d’autres. La Réunion ? Je commence à bien connaître, un voyage qui me permet de couper vraiment avec la vie d’ici. J’y fais des rencontres exceptionnelles.

L’édition 2013 de la diagonale est une découverte, je me retrouve pendant la course à appeler les secours pour un jeune homme qui fait un malaise, devant moi, dans la terrible descente de Kerveguen, je resterai une heure à ses côtés au bord du ravin en attendant les secours.

En 2014, des conditions dantesques en début de course, puis une chaleur écrasante dans le Sentier des Anglais, en fin de course, où j’ai eu mes premières hallucinations : je regardais au loin et je croyais voir des photographes et des personnes sur les côtés, en fait il s’agissait de simples feuilles ou des arbres.

En 2015, à mi-parcours, je fais un bout de chemin, pendant quelques heures avec un des favoris qui avait fait la une du journal le «Quotidien» : Michael Wardian, canadien, 2H17 au marathon et 2ème temps sur 100km en 2015, il souffrait d’une cheville, il ira mieux ensuite pour très bien finir.

 

*runners56* : Quelle est ta méthode d'entraînement ? Considères-tu certaines courses comme des entraînements/préparations ou te donnes-tu juste à fond à chacune de tes courses ?

J’ai appris beaucoup à gérer mon corps depuis mes débuts, je sais quand je peux lui demander plus. Je m’entraîne à l’envie, en fonction de ma forme du jour et si en cours de séance je ne le sens pas, j’abrège. Il m’arrive de courir une fois par semaine ou jusqu’à cinq fois. Je varie les activités : course, vélo, nage. La boxe me sert davantage pour la musculation, le gainage et le mental.

Je préfère faire deux footings ou deux activités par jour quand c’est possible que de m’enfiler 30 km d’un coup, d’ailleurs je ne dépasse presque jamais les 10 ou 15 km et 75 % de mes entraînements se font à une vitesse proche des 10km/h.

Quand un ultra approche, j’augmente les activités et oriente mes entraînements sur le dénivelé plus que sur les kilomètres avec des blocs d’entraînements de cinq jours. Mes terrains de jeu se situent de Brech à Auray ou Vannes et Monterblanc ou encore à la Trinité sur Mer et Quiberon.

En course, je sais à peu près où se situe ma place dans le peloton, alors je me fixe un objectif et j’essaye de le tenir. Si la course comporte un gros dénivelé positif, c’est possible qu’elle devienne une préparation, sinon ça reste une séance rapide.

 

*runners56* : Tu ne cesses de progresser en vitesse intrinsèque, sur petites et grandes distances. Ne crois-tu pas qu'en te focalisant plus précisément sur un style d’épreuves tu aurais plus de chances de faire des podiums ? Même si tu en totalises déjà quatre dans le Morbihan.

Il est possible qu’en me focalisant sur un domaine ou une distance précise, en faisant moins de courses et en m’engageant dans un club (ça arrivera peut-être un jour),  je progresserais encore. Cependant je suis satisfait de ce que j’accomplis.

Pour à peine plus de courses qu'en 2014, en 2015 je termine 28 fois dans le top 15 dont 19 dans le top 10, ça me va, je me sens à ma place.

Je ne suis pas un grand fan des courses sur route, je préfère les parcours difficiles dans la nature : des passages de ruisseaux, des grimpettes, des côtes raides, de la caillasse ou de la boue. Je gère davantage mes efforts et je prends plus de plaisir.

 

*runners56* : Quels sont tes objectifs pour 2016 ? Des Ultras ? Te battre encore ?

Pour 2016, je ne suis sûr de rien, je pars pour deux ou trois ultras dont la Diagonale des Fous en objectif principal. Quelques triathlons pour prendre un peu plus d’expérience et quelques courses à l’envie.

Les inscriptions des courses deviennent compliquées avec ces tirages au sort, alors qu'avant tout paraissait si simple. Tu t’inscrivais ou tu t’y prenais trop tard et c’était réglé. Alors plein d’incertitudes, je pense à l’ultra Euskal Trail, l’UTMB et la Diagonale des Fous sont les ultras possibles. Ironcorsair de Saint-Malo aussi. Sur un format plus petit la magnifique Belle-Ile est parfaitement placée pour préparer la Diagonale des Fous. Alors on verra, déjà s’amuser et apprendre encore.

Je me rappelle de toi mon cher Julien, quand je regardais les classements. Je me disais : « Ce Julien Kurtzemann, il est toujours devant moi ». Si tu me bats encore (ndlr : c'est prévu ….), ce qui n'est pas grave, je donnerai plus la fois suivante, (ndlr : aïe …..).  Merci à toi pour cette interview et bonne continuation pour votre site www.runners56.fr, on est nombreux à le trouver très bien conçu !

 

*runners56* : Merci pour ce compliment final improvisé !! A bientôt sur de futures courses, forcément.