N’est-t-on pas mieux servi que part soi-même ? J’en suis persuadé. Cependant oublier ceux qui vont participé à la réussite du livre, indispensable à tous les amoureux de la course à pied, serait une omission impardonnable de la part d’hommes de partage comme nous pouvons...
dom.cado@laposte.net
56 000 Vannes
Tél : 07 86 11 18 61
Contact email
lundi 06 mai 2024

Vannes 15°C

légère pluie

Vent 25 km/h Humidité 65 %

Courir avec son ombre

Dessin de Lou (bientôt alter-égo de Seb Lamart)

 

 

"N’oublies pas, quand tu t’assois à l’ombre de

ton chêne, que ton grand-père avait planté

une graine à cet endroit."

Dom Cado

 

 

Courir en compagnie de son ombre

 

Nous courrons tous en compagnie de notre ombre, les jours où la luminosité le permet. Les jours où l’astre solaire darde ses rayons sur nos mollets et projette sur le sol cette silhouette qui nous ressemble tant et qui aime tant marquer sa différence. Elle a beau être notre double en négatif, Elle est persuadée de détenir la vérité quand les foulées nous amène d’est en ouest.

 

Ce jour là Elle décide de m’accompagner pendant ma sortie en endurance. Je la connais suffisamment pour savoir que le dialogue ne sera pas de tout repos ; sa taille sera imposante et son orgueil prendra quelques centimètres, le soleil étant encore bas dans un ciel sans nuages. Dommage pour moi.


Dans ce schéma, Elle ne peux pas faire autrement que de me prendre la tête en s’étirant au maximum pour bien marquer sa présence, sa suffisance et sa silhouette sans rides. Ce qui n’est pas mon cas. Dans cette situation, je me vengerais bien en marchant dessus, mais, mais …..

 

-Tu vas trop vite.

-Mais non, me répondit-elle.

-En plus, tu es partie sans eau, sans casquette. Que vas-tu faire quand la température va prendre quelques degrés ?

-Regarde ! Je suis facile. Et je ne suis pas la seule. Tu as vu tous les runners que l’on croise qui font comme moi ! Sans eau, sans casquette.

-Tu pourrais ajouter : le souffle court, la face bien rouge d’efforts mal gérés. Tu te crois plus forte que tout, tu cours les jours où il fait beau et tu estimes tout connaître. Un peu trouillarde quand même, au moindre bruit tu te couches sur le sol.

-Celle là elle était facile. En attendant je suis devant.

-Oui, tu es devant et je suis toujours là …..

 

Le soleil prenant de la hauteur, Elle perd de sa grandeur, sa suffisance en prend un coup. Le circuit du jour la ramène petit à petit à ma hauteur avant inexorablement de se retrouver derrière moi.

 

-Tu me donnes un peu d’eau ? Me demande-t-elle.

-Tu m’as bien regardé ?

-Le soleil commence à cogner, tu me prêtes un de tes buffs.

-Non.

-Tu en a plusieurs !

-Je t’ai dit non. Il fallait prévoir.

-On peut repartir dans l’autre sens, je me sens mieux.

-Non.

-Revenons au moins par le bord de la mer, je pourrais boire …..

-Pourquoi ? Tu manques de sel ?

-Pfft …..

 

Le seul moyen de m’en débarrasser, serait d’éteindre ce réverbère puissant pour me donner un peu de tranquillité. Mais franchement que ferais-je sans Elle ? Sa présence est le garant d’une vie hors des ténèbres.


Pour lui faire plaisir je devrais courir plus souvent d’ouest en est dans mes sorties matinales et inverser le sens aux heures plus tardives, car, que je le veuille ou non, sa présence ensoleille mes journées et demeurera, ad vitam æternam, la compagne fidèle des beaux jours …..

 

"Après ! Ce n’est que mon avis ….."